Abeille Road -2

Oui c’était bien là, les deux grands prés de chaque côté de la route, avec, au fond cette longue enfilade de ruches.
A la lisière du bosquet, George gara la VW, imatriculée  LMW 28IF .
Les quatre garçons en sortirent, quatre garçons dans le vent de la Chartreuse.

 Paul avait pris cette drôle d’habitude de marcher pied-nu, et depuis ils devaient transporter dans le coffre de la voiture ce passage piéton, roulé comme un tapis, car il ne supportait pas le picotement des brins d’herbe.

Ringo se mit à siffloter « Honey Pie », tandis que John, marchant en direction de la ruche la plus haute, celle qui abritait la reine la plus importante de cette colonie, prit la tête du groupe.
Son costume blanc lui donnait un air d’ambassadeur, l’ambassadeur des scarabées venu faire allégeance auprès des abeilles en leur offrant « Abbey Road » leur dernière œuvre, car ce serait bien la dernière, leur chant d’adieu.
Il songea un instant qu’il aurait dû l’intituler « A Bee Road »

Petite histoire faisant suite à la belle rencontre de cette colonie de rucher, au souvenir de l’été 1969 où fut enregistré Abbey Road, et à un voyage dans le temps – un petit jeu chez Mr Snake – où je disais que  « voyager dans le temps c’est rapprocher des univers, les ultimes comme les plus improbables, c’est peut-être briser les chronologies… »